Avec la crise du Covid, et la hausse récente des problèmes de santé psychologique chez les enfants et adolescents, la question de l’anxiété et en particulier de l’anxiété scolaire est de plus en plus évoquée dans les médias à chaque rentrée. En tant que parent, quand faut-il s’inquiéter ?
Imaginons un adulte qui changerait de poste (et donc de chef et de collègues) dans son entreprise, ou même qui changerait d’employeur. Forcément, un peu de stress accompagnerait ces changements : stress face à l’inconnu, à toutes les nouvelles informations à intégrer, aux nouveaux contacts à nouer, face aussi aux attentes et aux objectifs à atteindre. Ce stress n’est pas forcément négatif, il est aussi stimulant, et généralement aussi mêlé de curiosité voire d’une certaine excitation – mais, en tant qu’état de vigilance accrue et de tension psychique, il reste bien présent.
Dans une nouvelle classe ou une nouvelle école, il en va forcément de même pour les enfants et les adolescents : le stress est présent, et cela est parfaitement normal. Et même tout au long de l’année, différentes situations ou événements (avec les copains, en classe, lors d’évaluations…) peuvent réactiver ce stress.
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A quel moment néanmoins ce stress prend-il une nouvelle dimension et se transforme-t-il en anxiété scolaire, susceptible de provoquer une souffrance durable, et d’affecter le comportement de l’enfant ou ses résultats scolaires ? Cela est très individuel, car cela dépend à la fois de la situation, de l’environnement scolaire, mais aussi des ressources d’adaptation et de confiance en soi plus ou moins solides que possède l’enfant. Lorsque ces ressources sont débordées, dépassées, un cercle vicieux d’anxiété peut se mettre en place.
En tant que parent, quels sont les signaux d’alerte à repérer ?
– un enfant qui (hors des tout premiers jours d’entrée en maternelle) pleure de manière fréquente, répétée, avant d’aller à l’école ou la veille au soir
– un enfant qui en période scolaire, de manière prolongée, dort mal, met beaucoup de temps à trouver le sommeil, ou se réveille souvent la nuit en ayant du mal à se rendormir
– un enfant qui semble n’avoir plus goût à rien, et entre autres plus aux activités auxquelles il prenait plaisir jusqu’ici
– un enfant qui perd l’appétit
– un enfant qui manifeste des symptômes physiques (notamment maux de ventre ou de tête importants et récurrents) sans qu’aucune explication organique ne soit trouvée après consultation médicale
Ces signaux peuvent bien sûr être liés à d’autres facteurs que l’anxiété scolaire (notamment à des événements de la vie personnelle ou familiale), mais cette dernière doit être envisagée, en particulier si l’enfant la verbalise, ou si les symptômes sont surtout présents en période scolaire.
Que faire dans cette situation ?
– bien entendu, dialoguer avec son enfant, et de la manière la plus sereine possible lui procurer une écoute attentive afin qu’il puisse exprimer son ressenti (… sans toutefois surestimer sa capacité à expliciter de manière claire ce qui le stresse et ce qui se joue en lui : il peut arriver qu’il ne le sache pas très bien lui-même !)
– en particulier, s’intéresser à l’aspect relationnel à l’école (et tenter de s’assurer que l’enfant n’est pas isolé ni harcelé), entre autres en prenant un rendez-vous avec l’enseignant
– si la situation persiste plusieurs semaines, aller consulter un psychologue ou un pédopsychiatre ; et si possible se mettre également en contact avec le service de santé scolaire. (Si vous ne savez pas vers quel psychologue ou psychiatre vous tourner, l’Association Phobie Scolaire tient à jour des listes de praticiens expérimentés en matière d’anxiété scolaire.)
– parallèlement, proposer à l’enfant des activités qui lui font plaisir ou qui renforcent sa confiance en soi (un tour de vélo ou d’acrobranche, un sport qu’il aime et dans lequel il se sent à l’aise, la participation à un atelier théâtre ou chorale…)
– enfin, et même si cela est plus facile à dire qu’à faire, garder une vision posée, à la fois déterminée et objective, sur la situation, et éviter de transmettre en retour sa propre éventuelle anxiété à son enfant…
Comme toute difficulté, l’anxiété scolaire peut aussi être pour l’enfant (et ses parents) une occasion de développer des qualités et ressources nouvelles, de se ressourcer en famille, de mieux dialoguer. Souvent (et c’est tant mieux !), elle n’est qu’un passage dans la scolarité de l’enfant !