C’est une grande pièce, bien dégagée, presque vide, au sol blanc et aux murs beiges, égayés par des traces de peinture de toutes les couleurs, laissées par les enfants.
Au centre de la pièce se trouve la table à peinture : 18 pots remplis de teintes différentes, comme un orgue à couleurs, avec des pinceaux à côté de chaque couleur.
Les enfants de tous les âges et quelques adultes, sont répartis autour de la pièce. Face à d’immenses feuilles blanches punaisées au mur, ils créent chacun ce que leur imagination leur suggère. Au gré de leurs allers-retours vers la table à couleurs, leurs dessins naissent et s’épanouissent petit à petit.
L’éducatrice est là, elle fixe les feuilles, elle observe, attentive à proposer aux nouveaux le bon geste, celui qui utilise la pointe du pinceau, et la patience dans la réalisation et le séchage.
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Mais elle laisse l’entière liberté du choix du thème, des couleurs, de la forme picturale. Ici, chacun peint ce qu’il veut, à la manière qu’il le veut ! Et la notion de jugement par rapport au résultat est absente. D’ailleurs, les créations ne sont pas exposées ni emportées, mais rangées voire oubliées à l’atelier – même si leurs auteurs peuvent les récupérer après un an s’ils le désirent. Le geste, l’acte de peindre, sont ce qui importe, et non le résultat final.
Voilà pourquoi les ateliers de peinture et d’expression libre ne sont pas des « cours » de peinture traditionnels. On y surmonte ses difficultés, on y évolue, sans passer par un « enseignement ». On fait, à la fois seul et accompagné.
Sandrine Sananès, fondatrice et animatrice de l’Atelier de Charenton, explique : « Il s’agit d’un mélange de liberté et d’exigence. La liberté, c’est un apprentissage en soi. On a besoin d’exigence pour y accéder. Ne pas mettre trop de peinture sur le pinceau, ralentir, se poser, essayer d’être dans le silence. Bien faire les choses. Pour soi ». Et enchaîne : « Je n’apprends pas à représenter, à reproduire. Le but est de rendre l’enfant créateur, autonome. Et de le reconnecter à lui-même, de le libérer du jugement d’autrui sur ses peintures. »
Le résultat ? Le développement d’une dextérité à peindre, qui se met en place avec l’expérience, même si elle n’est pas enseignée formellement.
Mais aussi des enfants plus créatifs et spontanés, des timides qui prennent confiance en eux, des agités qui deviennent plus attentifs … et l’apprentissage du respect d’autrui, aussi, « à l’Atelier, on mélange tous les âges, on est plusieurs à partager cet espace, les autres sont à la fois un enrichissement et une limite constructive pour l’enfant, on ne peut pas tout faire, ni être trop bruyant. »
La peinture « libre » peut se pratiquer sur inscription à l’année (chaque semaine), ou bien ponctuellement, pendant un weekend ou des vacances.
Le réseau Le Geste de Peindre regroupe, en région parisienne :
– L’Atelier de Charenton
– L’Atelier des Courlis à Argenteuil
– Au bonheur de peindre à Neuilly-sur-Seine
Outre les cours et stages, il propose aussi des formations à destination des enseignants et éducateurs.
D’autres ateliers de peinture « libre » existent dans différentes villes de France.
A Marseille (Pointe Rouge), testé (et adoré) par le fils de l’auteur de cet article : L’Atelier, latelierdannelaure.tumblr.com
Photo : Copyright Atelier de Charenton