Ils me l’ont changé ! Dans les vacances hors de la famille il y a toujours un pari d’aventure et l’enfant en revient différent. Il peut même trouver que son animateur était mieux que papa ou maman, et puis il apprécie tout mieux qu’à la maison …
Dossier en partenariat avec l’UNOSEL
Se passer de ses parents est fondamental pour l’enfant. Dans la famille on lui prépare tout, la il va devenir un héros tout seul ! Et dans quelques mois il vous racontera encore des souvenirs de la « colo », vous n’êtes pas au bout de vos surprises !
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Ils me l’ont changé ! Dans les vacances hors de la famille il y a toujours un pari d’aventure, et l’enfant en revient différent. Il peut même trouver que son animateur était mieux que papa ou maman, et puis il apprécie tout mieux qu’à la maison … Se passer de ses parents est fondamental pour l’enfant. Dans la famille on lui prépare tout, là il va devenir un héros tout seul ! Et dans quelques mois il vous racontera encore des souvenirs de la « colo », vous n’êtes pas au bout de vos surprises !
L’INTÉRÊT PSYCHO-AFFECTIF DES COLONIES DE VACANCES
Dr Stéphane CLERGET Pédopsychiatre Ancien Interne des hôpitaux de Paris Ancien Assistant des Hôpitaux Praticien Hospitalier.
Les objectifs des premières colonies de vacances, à la fin du XIXe siècle, étaient d’améliorer la santé physique des enfants pauvres, en les faisant profiter d’un air pur, d’une bonne hygiène et d’une saine alimentation. Ces buts restent d’actualité puisque les enfants d’aujourd’hui souffrent d’un manque d’activités sportives, d’une alimentation trop riche en sucre et en gras, et de manque de sommeil.
En colonie de vacances, les enfants peuvent bénéficier d’un rythme de prise alimentaire et d’un contenu équilibré, d’activités physiques de toutes sortes, mais aussi d’un temps de sommeil qui répond aux besoins de l’enfant. Ces trois éléments favorisent la croissance physique. Si on insistait autrefois sur les bénéfices « physiques » des colonies de vacances, on peut aussi aujourd’hui insister sur les bénéfices psychologiques et affectifs. En sachant que ces divers bénéfices sont intimement liés.
Le séjour passé en colo favorise le développement de l’autonomie. Là où un enfant ayant du mal à grandir dans sa tête pousserait sa mère à le vêtir, à ranger ses affaires, à être derrière lui pour qu’il se brosse les dents ou qu’il se lave, en colo, l’enfant apprend à gérer ses propres affaires, à assurer son propre entretien, soutenu par le personnel d’encadrement et par le groupe d’enfants grâce aux processus d’imitation.
La colonie de vacances est un lieu majeur de l’apprentissage à vivre ensemble, c’est un lieu d’apprentissage de l’intégration sociale. On pourrait croire que l’école remplit ce rôle, mais cela n’est vrai que de façon incomplète puisqu’en dehors des temps de classe, lors des récréations ou des temps de repas, les enfants sont en partie livrés à eux-mêmes et que le personnel présent n’y assure hélas qu’une mission de surveillance pour prévenir des accidents sans un véritable rôle d’enseignement pratique du lien social.
Les divers jeux ou activités proposés en colonie répondent à des règles qui sont le moyen d’apprendre à respecter, devenus adultes, les règles de la vie sociale. En colo, les enfants apprennent à passer leur tour, à jouer en équipe, à supporter les frustrations de l’échec, à respecter moins fort que soi, à reconnaître le vainqueur de bon droit. En colo on est vigilant à ne pas laisser un enfant seul, victime de rejet social. L’apprentissage du mieux vivre ensemble passe aussi par la mixité sociale que permet encore bon nombre de colonies. Les colonies de vacances favorisent l’épanouissement psychologique par différents apports.
En premier lieu, les activités diverses sont bénéfiques pour le développement cognitif et psychomoteur des enfants en général. Par ailleurs, certains enfants qui manquent d’estime de soi ou se sentent « déclassés » peuvent trouver en colo une reconnaissance qui leurs faisait défaut.
Le séjour en colo d’un enfant est aussi potentiellement bénéfique pour la place de chaque enfant au sein de la famille : pour celui qui part comme pour celui ou ceux qui restent. Dans l’hypothèse ou deux frères partiraient en alternance cela fera profiter pour chacun d’eux d’une relation singulière avec ses parents et d’un regard mutuel modifié. Le départ d’un enfant offre en effet un recul de la part des parents dans le regard qu’ils portent sur leur enfant.
En colo, les enfants ont la possibilité de rencontrer des jeunes adultes qui sont autant de nouveaux modèles possibles pour la construction de leur personnalité. Pour élever les enfants, pour en faire des hommes et des femmes équilibrés, on n’a encore inventé rien de mieux que des adultes en chair en en os.
Les enfants réalisent à distance, quand ils sont en colo, des bienfaits dont ils profitent le reste du temps auprès de leurs parents. Ils sont d’ailleurs souvent plus participatifs et disciplinés à la maison après un séjour en colo. Sur le plan éducatif (puisque les colos ont officiellement une mission éducation depuis les années 1930), les animateurs arrivent à faire passer des messages, là où les parents semblent échouer, non pas parce qu’ils seraient plus compétents, mais simplement parce que le lien affectif diffère.
La séparation d’avec les parents est aussi souvent bénéfique pour les parents eux-mêmes, individuellement mais aussi pour le couple. Certaines mères qui ne travaillent pas en dehors de la maison ne voient pas l’intérêt d’envoyer leur enfant en colo et quand elles le voient, si elles avaient les moyens financiers de le faire, elles se sentiraient coupables de l’y inscrire. La mise en place d’une aide serait aussi une façon de leur dire que l’état valide le caractère bénéfique pour leur enfant d’un tel projet et qu’elles n’ont donc pas à se sentir coupables de vouloir le mettre en oeuvre. C’est bénéfique pour les parents de se retrouver une période sans leur enfant.
Or si le couple peut retrouver une vie en amoureux tandis que les enfants partent en colo, ces derniers apprendront que la vie de famille n’empêche pas une vie amoureuse. En outre, l’enfant prendra conscience que, sur le plan affectif, s’il est très important pour ses parents, il n’est pas tout. Cela lui évitera de se prendre pour le centre du monde et de ne prendre modèle que sur lui même, sur son nombril.
Quand les parents ont des réserves vis-à-vis des colonies de vacances c’est soit parce qu’ils n’y sont jamais allés, soient parce qu’ils en ont de mauvais souvenirs. Parmi les mauvais souvenirs ce peut être la souffrance d’avoir été séparés de leurs parents. Mais il n’est pas rare que ce mauvais souvenir masque en fait plus globalement un vécu infantile de carence affective que la colonie n’aura compensé que partiellement. Quand aux enfants qui aujourd’hui souffrent d’angoisses de séparation, c’est effectivement une contre-indication à un séjour en colonie mais qui doit être relativisé puisque de courts séjours peuvent justement être utilisés pour apprendre progressivement à l’enfant une autonomie affective.