Paroles de parents : « S’il est si intelligent que ça il devrait s’adapter et réussir à l’école … » « Comment peut-on être si curieux, avoir une mémoire excellente et être si en difficulté à l’école ? »
Paroles d’enfant : « Vous vous êtes trompés … je ne suis pas surdoué, je suis une débilité scolaire … »
Publicité
Si être surdoué signale des capacités intellectuelles bien supérieures, comment expliquer le nombre d’enfants surdoués en échec (45% ont déjà redoublé, 20% arrêtent avant le bac) ? Attention aux confusions…
D’abord confusion entre intelligence et réussite scolaire : si l’intelligence est un élément qui fait partie de la réussite scolaire, il est loin d’être le plus déterminant. A l’école il vaut mieux avoir une estime de soi solide plutôt qu’un QI élevé ! En effet, la réussite scolaire est une alchimie délicate entre confiance en soi, motivation et stratégies d’apprentissage.
Ensuite confusion entre surdoué et intelligence supérieure. L’enfant surdoué n’est pas seulement un enfant quantitativement plus intelligent, mais un enfant qui dispose d’une forme d’intelligence qualitativement différente :
– Son mode de pensée, ses procédures de raisonnement, sa perception et son analyse de l’environnement sont significativement différentes. L’enfant surdoué pense en réseau. Confronté à un problème ou à une question, l’enfant active une arborescence de pensée qui se déploie dans plusieurs directions simultanément. Source importante de créativité, cette forme de pensée perturbe l’enfant à l’école car les apprentissages y sont construits sur un mode séquentiel : une chose après l’autre.
– L’enfant surdoué c’est aussi et peut être surtout un enfant d’une immense sensibilité, avec une émotivité exacerbée. L’enfant surdoué est continuellement « bombardé » par ses émotions et également par les émotions des autres. Sensible à la précision absolue, cet enfant veut toujours aller au bout des choses. Vite inquiet quand il ne comprend pas totalement ou surtout qu’il ne maîtrise pas, il va pousser les autres dans leurs retranchements. Source de conflits majeurs à l’école comme à la maison, l’enfant surdoué a ce besoin constant de tester les limites de son environnement.
Une lucidité acérée sur les doubles plans intellectuel et affectif rend parfois difficile l’ajustement de cet enfant aux exigences de l’environnement. Ce sont des enfants fragiles et vulnérables. La compréhension de leur fonctionnement est indispensable pour les accompagner. C’est la reconnaissance et l’acceptation de leurs particularités de fonctionnement par leurs proches et par l’école qui fait la différence entre un surdoué qui va bien et un surdoué en souffrance. L’enfant a droit à cette acceptation. Pour cela l’école est aujourd’hui dans l’obligation de former les enseignants à ses caractéristiques et les parents ont droit à une aide adaptée.
Dépasser les confusions, les croyances et les lieux communs est un combat que l’on se doit de mener pour aider ces enfants à épanouir la richesse de leur être.