On parle dans le langage courant de « crise d’adolescence » ; mais de quoi s’agit-il exactement, et y a-t-il forcément « crise » d’adolescence ?
L’adolescence, c’est avant tout un état évolutif, une période de changements dans tous les domaines de développement pour votre enfant.
Des changements corporels tout d’abord, qui peuvent être tellement rapides (surtout chez les garçons) que les adolescents ont du mal à apprivoiser dans leur tête ce nouveau schéma corporel. Il peuvent sembler parfois maladroits, peu assurés, avachis, parce qu’ils ont du mal à s’approprier mentalement ce nouveau corps qui est le leur.
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Des changements cognitifs ensuite : à l’adolescence, le cerveau devient capable de penser de manière abstraite, et de manipuler des concepts, qu’ils soient mathématiques ou philosophiques (par exemple des valeurs, comme la liberté). L’adolescent devient aussi en mesure de réfléchir sur lui-même, de penser sur ses propres pensées. Les exigences scolaires se modifient à l’entrée en 4ème, en cohérence avec ces évolutions.
Des changements psychoaffectifs enfin : l’adolescent se détache de son enfance, de ses parents, il fait le deuil de leur toute-puissance, il les « abandonne » (pour pouvoir plus tard mieux les retrouver). Il construit sa propre identité et son propre système de valeurs, en prenant pour référence son groupe de pairs, ses camarades du même âge … et plus uniquement sa famille.
Tous ces changements sont bien évidemment potentiellement assez « violents » à vivre. La difficulté à se détacher de ses parents peut notamment générer des comportements de prises de risque.
Au final, selon les ados, tout cela peut se passer très bien, comme très mal, il n’y a pas de loi générale. Et pour un même adolescent, cela peut aller très bien un jour, et très mal le lendemain …
Les conduites addictives (cannabis, alcool, tabac, cyberdépendance, jeux vidéo …) sont-elles aussi fréquentes qu’on le dit ?
Il ne faut pas confondre comportements de découverte et addictions. Le propre de l’ado est de faire des expériences. Ca fait partie de l’adolescence, c’est nécessaire même.
Tant qu’un enfant recherche son plaisir dans plusieurs activités différentes, de plusieurs manières différentes, ça n’est pas de l’addiction. Trop de parents pensent que leur enfant est « addictif » aux jeux vidéo, alors qu’il fait du vélo, joue avec ses copains … On ne peut parler d’addiction que si une activité devient pour l’ado le seul moyen de se faire plaisir, au détriment des autres, et que cette exclusivité perturbe la vie affective, sociale, scolaire. Pour les adolescents, une addiction est souvent liée à la peur de grandir, à l’angoisse de se séparer de son enfance. L’objet qui est source d’addiction chez l’adolescent devient son « doudou » c’est-à-dire l’objet transitionnel qui rassure face à l’obligation de séparation.
38% des ados fument de temps en temps du cannabis, 47% du tabac, 30% boivent de l’alcool, sans qu’on puisse parler pour tous ceux-là d’addiction.
Dans ces cas-là, l’important est de communiquer avec l’ado sur ces sujets, d’expliquer les risques, d’insister sur l’importance d’une consommation modérée … Mais sans fermer définitivement le débat avec un discours du type « l’alcool c’est mal », discours que votre ado remettra d’autant plus en cause que les adultes eux-mêmes se font plaisir avec des apéros !
Si maintenant il y a une vraie addiction, une seule solution : aller consulter un spécialiste !
Pour les parents, quelle est la « bonne attitude » à adopter face à leurs adolescents ?
L’adolescence, ce sont des changements pour les parents et pas seulement pour l’enfant : le parent doit admettre de se laisser en quelque sorte abandonner par son enfant !
Il doit aussi accepter que sa manière de faire soit remise en question, car l’adolescent a, de manière croissante, un besoin de comprendre le sens des consignes et des limites qui lui sont posées.
L’enjeu pour les parents est dès lors de poser un cadre éducatif, d’énoncer des limites, que l’adolescent puisse tester (et testera vraisemblablement) sans se mettre en danger.
Un cadre solide où les éventuelles transgressions puissent se faire sans risque sécuritaire grave ; et dont les limites soient constructives, fassent preuve d’un « juste milieu », ne soient ni trop lâches, ni trop étouffantes (ce qui incite dans les deux cas les adolescents à aller les tester !).
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